Et si le pouvoir perdait « réellement » le contrôle?

Alors que le Kasaï s’embrase, au point de susciter la colère de l’Angola, qui n’a pas hésité à envoyer ses troupes vers ses frontières avec la RDC, il sied de se demander si le pouvoir ne perdait pas réellement le contrôle du pays.

Un grand dossier. Des documents exclusifs, des explications et une enquête approfondie. C’est ce que la Radio France Internationale met à la disposition de ses auditeurs et lecteurs ce mardi au sujet de la crise dans la région du Kasaï, au centre de la République démocratique du Congo.

Dans cette longue enquête, le média français revient largement sur cette crise, au départ banal, mais qui risque d’embraser tout le pays. De la mort suspecte du chef coutumier Kamwina Nsapu l’année dernière, à la recrudescence des affrontements entre l’armée et sa milice, en passant par les assassinats des experts de l’ONU et les implications des personnalités politiques, il s’y dégage étrangement le parfum d’un conflit aux conséquences plutôt inattendues.

En effet, pendant longtemps, le pouvoir du président Joseph Kabila a été pointé du doigt d’alimenter volontairement des poches de tensions à travers le pays. Depuis l’Est, notamment dans la région de Beni, l’armée a montré son impuissance à faire face aux attaques répétées des groupes armés, dont certains sont même congolais. Dans cette ville meurtrie, où les attaques non revendiquées et attribuées à des rebelles ADF ( Allied Democratic Forces , en français « Forces démocratiques alliées ») font des milliers de morts depuis plusieurs années, on y dénonce même une passivité qui touche jusqu’aux forces de la mission de l’ONU dans le pays.

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Depuis, la crise semble toucher tout le pays. Et la capitale Kinshasa n’est pas épargnée. Les bureaux de la Police et les prisons sont systématiquement ciblés par des assaillants qui n’ont visiblement aucun lien de coordination entre eux. Evidemment, dans l’absence totale de logique, l’opinion publique se réfère plutôt à une énième volonté du pouvoir de semer le chaos, dans le but de ne pas organiser les élections censées avoir lieu avant la fin de l’année.

Toutefois, la situation dans la capitale congolaise, ou dans les provinces n’a pour autant pas été agile qu’aujourd’hui. En effet, c’est bel et bien à Kinshasa que la résidence même du président Joseph Kabila a été attaquée en plein jour, par des assaillants sur qui on ne saura jamais rien. Le 7 février 2011, un commando a attaqué le quartier GLM où est située la résidence du président Joseph Kabila. Lourdement armés, munis d’armes de guerre, de flèches et de machettes, ses hommes se sont affrontés avec la garde du président pendant plus d’une heure, dans le périmètre le plus sécurisé du pays.

Instabilité tous les deux ans

https://www.youtube.com/watch?v=TrV5IOvBW3c

Le 31 décembre 2013, des journalistes de la radio-télévision nationale congolaise sont pris en otage pendant plusieurs heures par des hommes armés, avant d’être libérés par une intervention des forces de sécurité. Au même moment, des tirs ont aussi été entendus dans la capitale, et des attaques ont eu lieu à l’aéroport de N’djili, ainsi que dans un camp militaire. Des dizaines d’assaillants seront été tués. A Lubumbashi, la même journée, l’armée déjoue aussi une attaque. Un peu plus tard, une autre attaque a eu lieu à Kindu dans la province du Maniema, dans l’est du pays. Un groupe a pris d’assaut une base militaire située à l’aéroport. La liste est longue.

Entre ces événements, il y a eu la milice Bakata Katanga, dont les ravages ont fait des centaines de morts, en pleine capitale de l’ex-province du Katanga. Les bases de l’armée et les symboles du pouvoir ont été attaqués, parfois en pleine journée, et bien loin de tout processus électoral. Jamais, durant ses 16 ans au pouvoir, Joseph Kabila n’a vraiment réussi à pacifier le pays, qui nage entre incursions, insurrections et rebellions tous les deux ans. La vague des évasions de prisons ne viendrait-elle pas s’ajouter à cette carence des autorités?

En effet, la quasi-totalité des détenus de la prison de Kasangulu se sont évadés dans la nuit du jeudi au vendredi 19 mai, quelques heures après ceux de la prison centrale de Kinshasa, l’ex-Makala. Situé à une trentaine de kilomètres de Kinshasa, le territoire de Kasangulu est dans la province du Kongo central, base même de la secte Bundu dia Kongo, qui a attaqué le Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK, ex-Makala).

« Pas de risque de contagions », rassuraient pourtant les autorités policières.  « Nous avons augmenté sensiblement le niveau de sécurité à travers toutes les prisons du pays par précautions« , déclarait un officier sous le sceau de l’anonymat à POLITICO.CD.

Dès le même jour, 14 prisonniers se sont évadés d’un cachot à Kalemie, dans la province du Tanganyika, au sud-est du pays. Le 26 mai,  sept enfants dont l’âge varie entre 15 ans et 17 ans sont ainsi entrés en cavale depuis la prison du cinquantenaire à Bandundu-ville dans la province du Kwilu. Trois jours plus tard, 14 prisonniers sur 18 ont fui du cachot du Parquet près le Tribunal de paix de Muanda au Kongo Central.

La série a continué jusqu’à l’attaque simultanée du Parquet de Matete et de l’Etat-major du Commissariat Urbain du Mont-amba, en pleine capitale.  Cependant, les autorités n’ont jamais traité cette question des évasions de manière systématique. Si la prison de Makala a vu des nouvelles mesures être prises, les autres attaques ont été souvent déclarées sans envergure, provenant des « bandits » ou des « assaillants non identifiés ».

Par ailleurs, les prisons congolaises, outre le fait d’être considérées comme des « mouroirs », sont aussi mal gardées. Des évasions ont souvent été signalées dans les provinces et même dans cette prison de Makala, en pleine capitale.   En juin 2015, un rapport très accablant sur le système carcéral congolais a été publié par une l’ONG Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP). « Les prisons du pays sont de véritables mouroirs », affirmait la Fondation Bill Clinton pour la paix.

Quelques jours avant la publication de ce rapport, une évasion massive de trois cents et un prisonniers a eu lieu à la prison centrale de Bukavu (Sud-Kivu). Quatre autres personnes ont été grièvement blessées. Six armes AK47 ont été emportées par les fugitifs.

Alors que le Kasaï s’embrase, au point de susciter la colère de l’Angola, qui n’a pas hésité à envoyer ses troupes vers ses frontières avec la RDC, il sied de se demander si le pouvoir ne perdait pas réellement le contrôle du pays. Dans une configuration plus que redoutée, où la crise politique se veut profonde, une provocation volontaire de ses foyers de tension devient peu plausible.

4 comments
  1. Voila donc le profil classique d’un « non-Etat », et plus precisement un « Etat-Voyou », et sous les griffes d’une vaste Mafia politico-financiere que dirige une famille d’intrus & voleurs Rwando-Tanzaniens au sommet.

    Un Pays dont la pretendue-elite succombe facilement aux enveloppes et nomminations fantaisistes, inclu a la Primature, un poste sans reels pouvoirs.

    Devrions mentionner que de grandes gueules et faux-opposants d’antant dont les Onlengankoy, Tshibala, Lisanga, Kamerhe, Kengo, Bussa, Makila et autres « politi-chiens » vendus et vomis oeuvrent a la solde de cette meme Mafia et que autres pretendus opposants au sein du RASSOP ne revent que devenir ministres ou 1er Ministre — et ce sans Elections – sous le meme Imposteur Rwando-Tanzanien qui en « quid-pro-quo » lui ne vise qu’a se perenniser au sommet ?

  2. KABILA N’ARRIVE PAS A CONTROLE LE CONGO COMME IL EST BOURIQUE UN REBELLE A LA TETE DU PAYS VOILA CE QUI SE DONNER, IL YA PAS DE SECURITE L’ ECONOMIE NE MARCHE PAS, LE RESULTA CE L’ ECLATEMENT DU PAYS. MAIS LE DERNIER CARTOUCHE POUR LES PEUPLE CE L’ ARTICLE 64, POUR SAUVEZ LE CONGO, KABILA EST SA BANDE SERONT ARRETE EST PENDU EN PUPLIQUE

  3. Les gens sont entrés de scier ceux qui les ont fait grandir, nous remarquons que nous sommes dirigés par les vautours, ils trompent la population depuis la journée jusqu’au soir meme la nuit, ils n’ont plus honte d’une parsonne, chaque chose a son temps, le peuple appartient à Dieu et Il a un dernier mot.

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