Des barrières routières contribuent au financement des groupes armés, affirme un rapport

Intitulé: « Tout ce qui bouge sera taxé » : l’économie politique des barrières routières au Nord et Sud Kivu, ce rapport, consulté par POLITICO.CD, explore l’économie politique de la circulation routière dans les provinces de Nord et Sud Kivu., dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Les constats principaux, explique-t-on, sont d’abord que le contrôle de la circulation routière constitue un enjeu primordial dans les conflits en République Démocratique du Congo. « Deuxièmement, l’espace routier figure parmi les principales sources de financement illicite des différents acteurs étatiques et non étatiques, ce qui se traduit par l’omniprésence des barrages sur celles-ci. De ce fait, les routes sans barrières sont rares. »

Ce rapport révèle également l’identification de 798 barrières routières, dont 312 au Sud Kivu et 486 au Nord Kivu. Parmi celles-ci, 174 ou 22 % connaissent une présence des groupes armés, 55 ou 7 % d’acteurs non-étatiques non-armés (comme les volontaires ou auto-démobilisés), et 569 ou 71 % uniquement des acteurs gouvernementales ou acteurs tolérés par l’état (comme des coopératives).

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Les barrières contrôlées simultanément par des représentants de différents services (une coopérative et un groupe non-étatique armé par exemple, ou un acteur non-étatique non-armé accompagné d’un militaire armé), ont été répertoriées dans ces catégories. Les routes congolaises sont fortement militarisées : sur 597 ou 75% des barrières, un acteur armé est présent.

L’armée nationale (FARDC) est le principal exploitant des barrières routières

La présence de l’armée, explique-t-on, a été observée à 379 reprises, (soit 47%). Sur 168 de ces barrières tenues par des militaires (soit 44 %), ceux-ci taxent ressources naturelles (les minerais, le charbon, les planches, ainsi que les produits agricoles). L’armée est suivie par les services de chefferies/secteurs (des entités de gouvernance locale), présents sur 147 soit 19% des barrières. Enfin, la troisième fréquence est partagée par l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) et la Police de Circulation Routière (PCR), les deux étant présentes respectivement sur 10% et 12% des barrières dans les deux provinces.

« La ligne de démarcation entre la génération légitime de recettes et l’extorsion par les acteurs contrôlant la barrière est floue. Légitime car les militaires ni rebelles ne sont pas régulièrement payés, donc il arrive qu’à un niveau local, les éléments postés aux barrières passent des accords tacites, informels, avec la population pour qu’elle subvienne à leurs besoins primaires en échange de leur protection« , révèle-t-on.

« Mais la taxation sur la plupart des barrières trouvées va au-delà des besoins opérationnels et logistiques de leurs opérateurs. En tant que tel, ces barrières figurent parmi les multiples formes de génération de recettes par l’imposition en RDC, complétant ainsi l’exploitation directe de minerais, la monopolisation du commerce, et la taxation des ménages. La prolifération de barrières est lucrative, ce qui contribue à la continuation de la militarisation, de l’insécurité et du sous-développement structurel des provinces du Nord et Sud Kivu.« 

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