Les Kinois affolés par les déclarations des Ambassades occidentales

Le communiqué des Etats-Unis demandant à son personnel « non-essentiels » de quitter la RDC, évoquant la « possibilité de troubles civils élevée », combinés aux déclarations de la France, qui y craint « une guerre civile », au communiqué de la Belgique…  ont créé une psychose dans la capitale congolaise où la situation reste tendue. 

La capitale de la République démocratique du Congo s’est affolée après plusieurs déclarations des officiels et des ambassades occidentaux cette semaine. Tôt ce matin, les Etats-Unis ont finalement rendu officiel l’annonce du départ de leurs ressortissants « non-essentiels » du pays, qui circulait depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux.

« La possibilité de troubles civils est élevée dans certains quartiers de Kinshasa et dans d’autres villes importantes. En raison de la détérioration de la situation sécuritaire, les membres de familles du personnel du gouvernement des Etats-Unis ont été instruits de quitter le pays à partir du 29 septembre. La plupart des voyages officiels du gouvernement américain ont été suspendus. L’ambassade des Etats-Unis est en mesure de fournir des services d’urgence limités aux citoyens américains en RDC. Le présent avis remplace l’Avertissement aux voyageurs daté du 8 août 2016« , a annoncé un communiqué du Département d’Etat américain publié par l’Ambassade des Etats-Unis à Kinshasa. 

Une déclaration qui a semé l’inquiétude dans les rues de Kinshasa où plusieurs habitants s’interrogent sur un « danger imminent« .

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« Je trouve que la décision des Etats-Unis est un peu précipitée, dans le sens où tout le monde ici connaît la puissance des renseignements américains, et sachant surtout que la RDC est un pays post-conflit et que nous avons connu des affrontements dans la capitale le 19 et 20 septembrer dernier, cela peut créer encore plus de psychose« , réagit Francis Luendo, journaliste au site times.cd

Quelques réactions des Kinois

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Toutes fois, selon des sources diplomatiques, « rien d’imminent n’est à craindre« . « Ces communiqués ne sont destinés qu’à leurs compatriotes« , rapporte un haut responsable américain à Politico.cd.

Du côté de la Belgique, on veut pourtant calmer la situation. « A ce stade, l’Ambassade de Belgique n’envisage pas de mesures similaires« , peut-on lire dans un communiqué émis ce matin en référence à celui des Etats-Unis.

« Nous ne manquerons toutefois pas de vous tenir informés de l’évolution de la situation par les canaux de communication habituels, y compris celui-ci, et maintenons notre invitation à se tenir informé de l’évolution de la situation en ces temps difficiles et à adopter une attitude prudente lors de vos déplacements en ville« , déclaré ce communiqué publié vendredi.

L’escalade verbal en Kinshasa et Washington

CHARLOTTESVILLE, VA - OCTOBER 29: U.S. President Barack Obama speaks while flanked by Rep. Tom Perriello (D-VA) during a campaign rally, on October 29, 2010 in Charlottesville, Va. Recent polls show Rep. Perriello trailing challenger Virginia State Senator Robert Hurt (R-VA). With mid-term elections approaching, President Obama has been campaigning for Democrats who may be in jeopardy of losing their seat. (Photo by Mark Wilson/Getty Images)
(Photo by Mark Wilson/Getty Images)

Hier, c’est le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, qui avait déclaré que la République démocratique du Congo (RDC) était « au bord de la guerre civile (…)parce qu’il y a un président qui est en place et qui veut garder sa place alors qu’il n’a plus le droit de se représenter ».

« La République démocratique du Congo est un très grand pays, avec énormément de potentiel économique, humain, mais au bord de la guerre civile (…) parce qu’il y a un président qui est en place et qui veut garder sa place alors qu’il n’a plus le droit de se représenter« , a dit l’ancien Premier ministre français devant les étudiants de l’Ecole des affaires internationales de Sciences-Po à Paris.

La capitale congolaise traverse une situation politico-sécuritaire très volatile depuis les manifestations du 19 et 20 septembre dernier réprimées dans le sang. L’opposition congolaise qui est descendue dans la rue pour demander le départ du président Kabila a due faire face aux forces de l’ordre dans des affrontements ayant occasionnés plusieurs morts. La Communauté internationale, les Etats-Unis en tête, ont fustigé le gouvernement congolais à la suite de ces violences.

L’administration américaine a adopté, mercredi, des sanctions financières contre deux hauts responsables militaires dont le général-major Gabriel Amisi Kumba, commandant des forces armées (FARDC) pour la première zone de défense du pays, ainsi que le général John Numbi, ancien inspecteur de la police nationale.

« Il apparaît clairement qu’en revisitant l’histoire, ce schéma correspond à celui qui a conduit au chaos des pays comme la Libye ou le Sud-Soudan du sud aujourd’hui menacés de disparition après avoir été soi-disant +aidés+ par ceux qui se sont arrogés le rôle de maîtres du monde et pour lesquels sont versés maintenant des larmes de crocodiles« , a retorqué le gouvernement congolais dans communiqué.

Cette nuit, une partie de l’American School of Kinshasa (TASOK), l’école américaine de Kinshasa, a brûlé dans un incendie dont l’orgine reste inconnue, ne faisant toutefois pas de victime.

Le 14 septembre dernier, l’Envoyé Spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs a été « busculé » par des cadres du parti au pouvoir à l’aéroport international de N’djili, un incident « diplomatique » contre lequel les Etats-Unis avaient adressé des « vives protestations ».

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